Les recruteurs peuvent en témoigner : la culture générale ne fait plus partie des compétences
de beaucoup de candidats.

« Je ne connais pas, je n’étais pas né. » « La culture, c’est comme la confiture, moins on en a
plus on l’étale. » « Toute de façon la culture générale ça ne sert à rien. » Voilà le type de
réflexion que l’on peut entendre dans la bouche de certaines personnes (la plupart jeunes). Et
derrière ses phrases-chocs, qui se veulent chics, se traduit une réalité : la nouvelle génération a
déserté la culture générale. Les recruteurs s’en rendent compte tous les jours. Et le déplorent.
Il faut dire que pendant trente ans, on nous a expliqué que la culture générale permettait la
reproduction des élites. Qu’elle empêchait les gens « mal nés » de s’insérer dans la société, de
prendre le fameux « ascenseur social ». Pierre Bourdieu, chantre de cette idéologie, a été l’une
des figures de prou de cette détestation de la culture générale, car bourgeoise. Les politiques
de droite – pour le besoin du marché – et de gauche – pour l’illusion sociale – ont suivi ses
théories. La culture G a été discréditée – « ce n’est que du bachotage ». À l’école, elle a été de
moins en moins enseignée – « elle n’est pas en adéquation avec les besoins de l’entreprise ». À
Science Po, les candidats de quartiers sensibles sont dispensés de l’épreuve dédiée – « trop
discriminatoire, car leur bagage culturel n’est pas suffisant ».

Pourtant, la culture générale est demandée par les recruteurs, car elle utilisable dans la vie
professionnelle. Un commercial peut l'utiliser pour engager la conversation ou rebondir sur un
propos de son interlocuteur. Sa bonne utilisation prouve une capacité d’adaptation d’un
candidat. Elle est également un lien entre les différents salariés de l’entreprise puisqu’elle va
permettre les échanges dans la société au déjeuner ou à la pause café. C’est enfin une marque
de transmission entre les générations. Comme toujours l’école à un rôle primordial à jouer.
Comme souvent, on sera forcément déçu. Et comme toujours, on entendra cette phrase :
« Arrête de ramener ta science » …